A quelques mois de son édition 2011 qui se tiendra à Madrid fin octobre, la Red Bull Music Academy lance son World Tour : d'août à octobre, une série d'évènements artistiques uniques illumineront 10 villes du monde (Sao Paulo, New York, Rome...), entre installations artistiques et créations live. A Paris, le 11 septembre, Red Bull Music Academy World Tour et Jazz à la Villette présenteront
Questlove's Afro-Picks : Africa 2.0.
Questlove’s Afro-Picks est une première mondiale d’une création inédite placée sous le patronage de Questlove, batteur de The Roots et multiproducteur du Rap américain (Jay-Z, Erykah Badu, Common...). Collaborateur de longue date de l’Academy, ce personnage emblématique de la culture afro-américaine propose une relecture moderne de l'histoire musicale africaine à travers une sélection de titres réarrangés pour l ́occasion par David Murray et interprétés par un big band international (Macy Gray, Black Thought, Tony Allen, Amp Fiddler, des membres d Antibalas, du David Murray Big Band, de The Roots, de Tony Allen Band et de la comédie musicale Fela!).
Une création inédite pour une représentation unique naviguant entre tradition et modernité, lutte et libération, musique et politique. Un passage de flambeau entre l’ancienne et la nouvelle génération qui colle parfaitement à l’éthique développée depuis plus de dix ans par la Red Bull Music Academy.
Afrique, 1970.
Dix ans à peine après le début des premières décolonisations, l'Afrique vit un moment clé de son histoire : la voix des frères afro-américains en exil s'élève peu à peu au-dessus de l'Atlantique pour se mêler aux musiques locales et aux discours des héros de la décolonisation. Un vent de contestation et de liberté souffle au-dessus de l'Atlantique, signant l'éveil des communautés Noires de part et d'autre de l'océan. Cadeau des frères déportés à fond de cale, la liberté revient peu à peu à la terre promise dans les sacs des marins, s'engouffre dans les grands ports d'Afrique de l'Ouest et se disperse sur le continent, entre le Ghana, le Nigeria, le Congo. A Lagos (Nigeria), sous les feux croisés des discours Black Panthers qui dénoncent en bloc néocolonialisme et ségrégation et du « I'm Black and i'm proud » du héros funk James Brown, un vent de lutte s'empare de la culture locale. Une ambiance inédite qui saisit celui qui deviendra le maître de l’Afrobeat, Fela Anikulapo Kuti, dont l'ombre tutélaire plane sur le projet Questlove's Afro Picks.
Son Afrobeat reflète cette Afrique libérée comme aucune autre musique : inspiré du Jazz américain, imprégné de l'instinct libérateur du Funk autant que des rythmiques locales, du Highlife ghanéen aux traditions yoruba, l'Afrobeat reflète cette mémoire brisée reconstruite dans la beauté de la musique. Aux quatre coins du continent, des voix éparses se joignent à ce chant enflammé, à l'instar de celle de Miriam Makeba qui chante les township d'Afrique du sud sous le joug de l'Apartheid. Une musique engagée qui dénonce les régimes oppressants du post-colonialisme, prône la fierté d'être Africain, célèbre un continent en lutte, la beauté de ses femmes, la puissance de ses mythes.
C'est dans cette période unique de contestation, de libération et de musique que s'enracine Questlove's Afro-Picks, une création live titanesque qui revisite l'histoire musicale africaine. A travers une réinterprétation des morceaux phares qui ont jalonné l'époque, Questlove's Afro-Picks raconte cette Afrique émergeant de l’euphorie de la décolonisation, une Afrique fière et consciente qui chante la beauté de son continent, mais aussi une Afrique qui souffre, qui dénonce et qui combat. Un spectacle ancré dans l'histoire et dans la lutte.
Directeur musical de l'événement, Questlove, accompagné d'un big band international, revisite ainsi le répertoire de l’époque, de Fela à Oumou Sangaré, Letta Mbulu ou Bongi Makeba. La playlist rappelle la douleur de l’Apartheid lorsque résonnent les cris de Bongi Makeba, entre ode à la grande Afrique (« Africa ») et réalisme amer (« Peace »). Le chant Miriam Makeba ressuscite les terribles événements du 16 juin 1976 durant lesquels la police tua les enfants de Soweto qui se battaient pour étudier dans leur langue traditionnelle (« Soweto blues »). A travers « Gentlemen », hymne à l’homme africain libéré, c'est la fièvre politique de Fela Kuti qui entre en scène : « Colonial mentality » dénonce le joug de l'Occident, « Sorrow, tears and blood » ravive le cri d'une Afrique en larmes. « No Discrimination », du batteur Tony Allen, créateur de la rythmique de l'Afrobeat aux côtés de Fela, complète le tracklisting vivant de cette colère politique en rouge et noir. Inspiré par le projet, le poète et essayiste Ishmael Reed, auteur de l'ouvrage culte Mumbo Jumbo, a composé pour l'occasion trois poèmes inédits, sur les titres de Tony Allen, interprétés sur scène par le rappeur Black Thought et la diva soul Macy Gray.
Mais dans ce tableau de lutte, Questlove's Afro-Picks célèbre aussi l’amour, la joie, la fête et la danse à travers « African Message », « Love is a natural feeling » de Tony Allen ou encore « Yala » d’Oumou Sangaré, la voix bambara de cette bande son si particulière.
Pour interpréter cette sélection imaginée comme un DJ set, Questlove a sélectionné la fine fleur des musiciens du moment. A la batterie,
Tony Allen, génie absolu du rythme africain, donne la réplique à Amp Fiddler, clavier multi-style qui a partagé la scène avec Prince ou Funkadelic, au guitariste Oghene Kologbo, transfuge du groupe Africa 70 de Fela, et au bassiste Cesar Anot (Mory Kante, Keziah Jones, Tony Allen...). La section cuivres, conçue comme un big band atypique, regroupe des musiciens issus de formations allant du Jazz à l'Afrobeat en passant par le hip-hop, conduits par le saxophoniste Martin Perna, directeur musical d’Antibalas. Quant aux arrangements, ils sont confiés à l'un des maîtres du Jazz contemporain, le saxophoniste David Murray.
Au micro, c'est à Macy Gray que revient l'interprétation du poignant « What's Wrong with Grooving » de Letta Mbulu, mais aussi de « Soweto Blues », « Africa » ou « Peace », ainsi que des titres à l’énergie presque Hip Hop de Bongi Makeba, backée par trois chanteuses issues de la comédie musicale « Fela ! » (jouée sur Broadway). Pour lui donner la réplique en langue africaine - en l'occurrence en bambara - Mamani Keita, qui incarne à elle seule l’Afrique traditionnelle, celle des villages et des baptêmes, complète le line-up. Questlove invite également Black Thought, son alter ego au sein de The Roots, pour rapper de toute sa verve les textes de Fela. Ou comment la musique afro-américaine moderne retrouve son rôle premier, celui de divulguer un message, de dénoncer une situation intolérable.
Voici Questlove's Afro-Picks : 90 minutes d'une musique inédite où se rejoignent Afrique et Amérique, entre la furie révolutionnaire de l'Afro-beat et la contestation digitale des musiques modernes. Une épopée musicale entre Funk, Afrobeat, Jazz et Soul qui dessine une vision actuelle du combat africain, une célébration des classiques d'hier par les parrains de l'afrocentrisme d'aujourd'hui.
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